Lorsque les forces de l’AFDL pénètrent dans Kinshasa, le 17 mai 1997, la « démocratisation version Mobutu » a, au cours d’une « interminable » transition aux contours mal définis, engendré plus de quatre cents (400 !) partis politiques. La quasi-totalité d’entre-eux n’ont ni véritable programme de gouvernement, ni projet de société, ni option idéologique claire. Pour ceux qui prétendent en avoir, il s’agit en réalité d’un chapelet de vœux pieux, une sorte d’attrape-tout destiné avant tout à « accrocher » les naïfs.

En 2011 – soit quatorze ans plus tard, quatorze ans ponctués d’une horrible guerre qui a failli faire disparaître notre pays de la carte – la situation est qualitativement la même : toujours une multitude de partis politiques sans vision, sans projet sérieux et sans spécificité nette au plan idéologique.

Historiquement, les partis politiques de par le monde sont nés pour porter chacun une idéologie bien définie. Le libéralisme, le socialisme, le capitalisme, le communisme, la social-démocratie, le socialisme chrétien, l’écologisme, le nationalisme, le fascisme … ont été créés pour jouer ce rôle. Certains sont arrivés à prendre seuls le pouvoir et à l’exercer durablement. D’autres ont été obligés de former des coalitions pour participer à l’exercice du pouvoir. D’autres encore ne sont jamais arrivés aux commandes mais ont réussi à influencer de l’extérieur les différents régimes qui se sont succédés dans le pays.

Aujourd’hui, il est question d’organiser l’espace politique congolais de manière à faire disparaître la médiocrité et la complaisance qui y ont élu domicile. Comment s’y prendre ? Dans ce monde d’après-guerre froide, tous les Etats démocratiques sont pour ainsi dire gouvernés au Centre. Mais, comme l’alternance au pouvoir est la vertu cardinale en démocratie, on se retrouve en face de deux grandes familles politiques qui alternent aux commandes de l’Etat : le Centre-droit et le Centre-gauche.

Ainsi, aux Etats-Unis d’Amérique, le Parti Républicain est du Centre-droit tandis que le Parti Démocrate est du Centre-gauche. En France, c’est la coalition UMP-Nouveau Centre qui est du Centre-droit et la coalition PS-PC-Verts, du Centre-gauche. En Grande Bretagne, c’est le Parti Conservateur qui (avec ou sans le Parti Libéral) est du Centre-droit tandis que le Parti Travailliste est du Centre-gauche ; en Allemagne, c’est, en gros, la CDU (au Centre-droit) et le SPD (au Centre-gauche). La même situation s’observe en Italie, en Belgique, en Espagne, en Autriche, au Portugal, au Canada, au Japon, en Inde, etc.

Et en Afrique ? Rien de tel ! Sans doute estimons-nous, là encore, avoir des « spécificités » à faire valoir ? La vérité est que, même ici, nous ne devons pas chercher à « réinventer la roue » ! Comme partout ailleurs, notre espace politique doit être cerné en fonction des idéologies en présence à ce jour dans les Etats qui se veulent démocratiques. Seuls ceux des partis politiques qui, par rapport aux idéologies connues, auraient de réelles spécificités à faire valoir viendraient s’ajouter sur cette liste – à notre avis – nécessairement courte. L’indispensable financement par l’Etat du fonctionnement des partis politiques – non à l’arrivée mais à la naissance de ces derniers – ne peut devenir en effet possible que s’ils sont tout au plus une dizaine et non … plusieurs centaines !

Avec la démocratie participative, l’exercice deviendra plus aisé parce que ce sont les citoyens eux-mêmes qui exigeront cette clarification idéologique préalable avant d’adhérer à tel ou tel parti.

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